JUILLET 2010
Tallard, cité pour la 1ère fois dans une charte du VIIème, signifie «Terres Hautes» du fait de son emplacement initial sur le flanc de la colline aujourd’hui appelée «ville vieille». A partir du Xème siècle, délivrées de l’occupation des Sarrasins, les Terres de Tallard deviennent propriété des Princes d’Orange. Ces derniers vont ériger une tour de guet à l’emplacement actuel du château. En quête de sécurité, les habitants vont progressivement venir construire leurs maisons au pied de la future forteresse.
En 1215, les princes d’orange vont céder les Terres de Tallard aux Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, qui construiront un petit castelet, avant d’échanger le domaine en 1322 à Arnaud de Trians. Ce dernier devient ainsi le premier Seigneur de Tallard, et va créer une imposante forteresse, à partir de l’édifice existant. Vers 1326, Tallard devient une vicomté avec le rattachement de 7 paroisses environnantes.
Par suite de successions, Bernardin de Clermont hérite du château en 1496. Il épouse Anne de Husson, et il va agrandir et embellir le château fort pour en faire une belle demeure, style renaissance.
Les Guerres de Religions de 1562 vont conduire les Clermont à l’exil et le château à l’abandon pendant plus de 20 ans.
La forteresse affaiblie est rachetée en 1600 par Etienne de Bonne d’Auriac qui la fait restaurer. Par succession, Camille d’Hostun, Vicomte et Maréchal de France sous Louis XIV, en devient le nouveau propriétaire.
En 1927, le château est vendu à la Comtesse Blanche de Clermont Tonnerre, sa nièce Marie Christine de Bourbon Sicile en héritera par la suite. Le château est de nouveau à l’abandon du fait du jeune âge de la comtesse, jusqu’aux années 50, et l’arrivée du prêtre de Tallard Richard Duchamblo. Passionné de vieilles pierres, il initie une réelle dynamique de sauvegarde de ce patrimoine: c’est grâce à cette prise de conscience que la Mairie rachète le château en 1957. Le corps de garde est classé monument historique en 1958, et il faudra attendre 1969 pour que l’ensemble du bâtiment soit classé.
L’Eglise de Ssint Grégoire
Avant 1562, l’église du village se trouvait bien en dehors des remparts, au niveau du cimetière actuel. Elle était dédiée à Saint Etienne. Mais en 1562 commencèrent les guerres de religions entre catholique et protestants. Gap était devenu protestant et avait un véritable chef de guerre du nom de Lesdiguières qui voulait absolument s’emparer de Tallard et notamment du château, qui était la plus grande bâtisse des Hautes-Alpes. Les tallardiens décidèrent alors de détruire l’église Saint-Etienne, celle-ci servant de repère aux « huguenots » pour éviter l’invasion des protestants.
Les guerres de religion terminées, les tallardiens décidèrent de faire construire une nouvelle église mais cette fois-ci à l’intérieur du
village. Ils choisirent l’emplacement de deux chapelles, dont une dédiée à St Grégoire. C’est de celle-ci que provient le grand portail central très ouvragé de style renaissance.
Cette « nouvelle » église fut construite entre 1640 et 1644. L’auteur des plans de l’église était un
Jésuite professeur à Embrun, le Révérend Père Léautaud. Par contre l’entrepreneur était un tallardien, Michel Reyberet.
Une fois terminée, on voulut lui donner comme titulaire Saint Grégoire, mais on s’aperçut alors qu’il n’était pas canonisé. Après quelques
demandes ce souhait fut rapidement accepté par le Pape Innocent X, et l’on put enfin placer l’église sous le vocable de St Grégoire, saint patron de la ville de Tallard.
Le 30 mai 1931, l’église est classée aux Monuments Historiques.
Le château de Tallard, nous accueille en sa cour pour sa fête médiévale.
Le temps d’un après-midi, nous voyageons dans le temps grâce à l’ambiance du décor, des tentes et échoppes, des armes, des soldats et de nombreuses personnes en costumes d’époque, de la musique et des danses… un tableau vivant, bienvenue au Moyen-Age !
La Chapelle St jean
Cette chapelle seigneuriale a été construite au début du XVIe siècle par Bernardin de Clermont, il fut ainsi le premier seigneur à être enterré dans la crypte en 1522.
La chapelle Saint Jean et sa façade de style gothique flamboyant faite de calcaire rose dit « Marbre de Guillestre », atteste de la richesse de ses nouveaux propriétaires.
Au sommet du clocheton, d'une extrême finesse, se trouve la Statue de la Trinité. La seule connue à ce jour placée au sommet d’un édifice religieux. Elle illustre le Père debout soutenant le Christ crucifié avec une colombe sur sa poitrine évoquant le Saint Esprit.
Sur les vitraux, figurent les blasons des différentes familles de seigneurs propriétaires du château.
La Chapelle est classée Monument Historique en 1897, lors de son rachat par Joseph Roman. L’intérieur de la Chapelle, ainsi que la toiture, ont été restaurés entre 1964 et 1965.
Voilà une ribambelle de danseurs et danseuses tournoyant sur des musiques d'époque.
Sur la partie haute du château, les ateliers d'artisans permettent de découvrir l'environnement médiéval, une échoppe dédiée aux teintures et textiles composés des matières premières et des échantillons de textiles teints comme cela se faisait au moyen-âge, une autre échoppe dédiée aux vitraux, une autre aux herbes médicinales et autres vertus des plantes, de la calligraphie qui écrit des prénoms et textes à tour de bras, une vannière qui tresse des paniers en osier, des mobiles, un tourneur sur bois qui confectionne des ustensiles de cuisine et autres objets utiles. Tous les artisans prennent le temps d'expliquer comment l’on vivait à l’époque, les matières et techniques utilisées...
Le Corps de Gardes
Le rez-de-chaussée est percé de deux portes à plein cintre. La première est surmontée d’un écusson des Clermont martelé pendant la Révolution de 1789. Un griffon et un lion mutilés se tiennent à l’entrée, portant également les insignes des Clermont.
A l’intérieur du Corps de Gardes, se succèdent 3 salles voûtées dont une jouxtant la Chapelle qui faisait office de sacristie. A l'étage, une salle de plus de 300m² compte 7 fenêtres à croisillons. Au fond de la Salle des Gardes, s’ouvre la belle fenêtre à meneaux donnant sur la Chapelle, permettant aux gardes d’entendre l’office. Cette salle a été entièrement restaurée.
A admirer :
⇨ Les vitraux colorés
⇨ Le plafond de style « à la française »
⇨ La magnifique cheminée
⇨ Les carrelages au sol en terre cuite
Le temps d’une courte pause et les portes du château s’ouvrent à nouveau pour la veillée. La nuit tombe lentement.
Une taverne permet de déguster un vin médiéval aux côtés de seigneurs et dames. Un peu plus loin, les grillades cuisent en permanence pour assurer de la viande chaude durant toute la soirée, du pâté, du saucisson, puis desserts et fruits permettront de passer la soirée en toute convivialité.
Pendant ce temps les animations et spectacles s'enchaînent de part et d'autre du château.
Sous les cottes de mailles, les combats font rage dans la cour du château. Un espace dédié à l'apprentissage du maniement de l'épée occupe les enfants une bonne partie de la soirée. Sous le regard amusé des parents, un véritable tournoi s’engage : épée et bouclier à la main, les enfants s'affrontent en sécurité aux côtés des chevaliers de l'ost des temps jadis, pendant que certains papas en profitent pour soupeser et manier les vraies épées et revêtir une cotte de maille, le temps d'une photo...
Un peu plus loin dans la fraîcheur de la chapelle retentit la harpe de Tiny Jui. un moment de détente, assis sur les bancs.
Les fabliaux (théâtre en liberté), petites fables d'époque jouées en plein air dans la cour sans artifice ni micro,
captive l'attention des grands et petits, sous le regard de la garde personnelle du seigneur qui affute armes et confectionne côtes d'armes, et puis un grand spectacle de cracheur de feu.
Il fait nuit noire, les enfants ont encore les yeux qui brillent, nous rentrons chez nous en pensant à cette époque médiévale qui continue à faire couler tant d’encre...