Citadelle de
Sisteron
16 avril 2018
« C’est la plus puissante forteresse de mon Royaume »
disait Henri IV.
Entre Provence et Dauphiné, dominant la cluse où coule la Durance, la Citadelle de Sisteron barre le ciel, couronne la ville de ses enceintes, de son chemin de ronde où flottent les couleurs de Sisteron au gré d’un vent presque éternel.
Nous ne sommes pas déçus, tant l’intérêt est grand, divers. A toutes les époques les hommes ont imaginé des plans, construit, fortifié ses murs.
Il ne reste rien de l’oppidum du petit peuple de la puissante fédération des Voconces qu’Auguste asservit en 27 avant J.-C. et pas davantage du castrum romain qui lui succéda. Il n’est rien demeuré non plus du château-fort du haut Moyen-Âge, fait de palissades et de tours précaires.
Non, la forteresse qui couronne la ville aujourd’hui, classée Monument historique, porte huit siècles d’architecture et d’histoire. Donjon et chemin de ronde, construits sur l’étroite épine rocheuse datent du XIIIe siècle, l’étagement d’enceintes bastionnées du XVIe siècle.
En 1516, François 1er la visite. Bayard y tient garnison.
En 1639, Richelieu enferme dans le cachot du donjon le prince Jean Casimir Vasa qui avait comploté avec l’Espagne contre la France.
1692, après l’invasion de la Haute-Durance par le duc Victor Amédée II de Savoie, Vauban la convoite lui aussi et entreprend les plans de modernisation et de renforcement, mais seule fut réalisée la poudrière et le puits.
Le 5 mars 1815, elle inquiète Napoléon au retour de l’île d’Elbe. Elle pouvait l’arrêter, briser l’épopée. Privés de poudre ses 20 canons laissent passer l’empereur et se 1200 Soldats.
Napoléon, une cousette et Ali Memeluk, ramené d’Egypte par Bonaparte.
D’importants remaniements furent opérés sur la face nord au milieu du XIXe siècle. C’est à cette époque que fut creusé dans le rocher le magnifique escalier souterrain reliant la forteresse à la ville.
15 août 1944 : La Citadelle est gravement endommagée au cours du bombardement de la ville par les forces alliées. La Résistance libère les prisonniers politiques qui y étaient enfermés.
1956 : Une association (A.T.M.) prend en main sa restauration sous l’égide de la Ville et des Monuments Historiques.
Un parcours sonorisé conte sa prestigieuse histoire
Un film « Citadelle ! navire des hommes… », avec la voix de Jean-Claude Brialy, la met en scène.
Un musée la fait vivre, dont une salle évoque le passage de Napoléon au retour de l’île d’Elbe.
Une exposition de véhicules hippomobiles agrémente la visite.
La chapelle Notre-Dame du Château (XVe siècle) se pare des vitraux du maître-verrier Claude Courageux.
Il faut prendre le temps de se hisser pas à pas, marche après marche jusqu’en haut.
Nous sommes récompensés en découvrant un point de vue impressionnant à 360°, et on tremble même pas en allant jusqu’à la guérite du diable.
Le théâtre de verdure, construit en 1928, accueille le festival de musique, danse et théâtre « les Nuits de la Citadelle » (juillet-août), l’un des plus anciens festivals de France.
Nous ressortons, Gérard, Christelle, Lucas et moi, enchantés de cette visite.
Moi en particulier, car bien que je sois restée à Sisteron de 1962 à 1965 pour mes études, et que j’y passais devant 1 fois par semaine pour monter au stade aujourd’hui désaffecté, je n’étais jamais rentrée dans la citadelle.